De façon que

Publié le par Étienne Magnin

    Je fus longtemps à ignorer que l'on disait "de façon que", insérant dans cette locution conjonctive le même "à ce" inutile que l'on retrouve dans "de manière à ce que", "je m'attends à ce que"...

    Mais, il y a quelques années, je découvris cette forme, nouvelle pour moi, étrange d'abord par son aspect peu familier, comme le sont d'autres fautes de langage que je peux faire, de cœur avec la majorité des locuteurs du français.

    Je m'en emparais, me mis à la pratiquer, ou plutôt la rangeai soigneusement dans la liste des solécismes à éviter. Car, je l'avoue, je l'emploie assez peu. Mais je me flattai de la connaitre.

    Je dois préciser que je fus aussi, pendant longtemps, un ayatollah de l'expression. J'avais fait de Ce français qu'on malmène (de Berthier et Colignon) mon livre saint. Le dictionnaire des difficultés de la langue française (Larousse) s'écornait furieusement, tant je l'utilisais. Et le rayon des divers utilitaires (je ne parle pas des Kangoo) occupe bien 2,40 m de mes étagères.

     

    Je fus sauvé de cet intégrisme par Henri Frei. Sa Grammaire des fautes (1929) m'a démontré qu'on ne lutte pas contre les évolutions du langage. Certes, je serai l'un des derniers à prononcer, par pure affectation, "œsophage" ou "Œdipe" avec le son [é], comme le voudrait la règle. Je m'applique encore à faire sentir le "h" aspiré des haricots et du handicap. Mais je n'ose pas, très lâchement, dire "aiguiser" comme on prononce "aiguille". 

     

    Lien, pour tout savoir sur "de façon que / de manière que" :

    http://www.etudes-litteraires.com/forum/topic1970-de-maniere-que-ou-de-maniere-a-ce-que.html

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    Henri Frei, La grammaire des fautes, ennoïa, 2007 (réédition de l'ouvrage paru en 1029)

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